top of page

Les œuvres telluriques d’Anaïs Dunn

 

Des paysages réalisés avec du bitume, une sculpture connectée aux activités sismiques de l’Antarctique, de nombreux motifs minéraux en verre filé, les œuvres d’Anaïs Dunn témoignent de manière poétique de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement.

Depuis plusieurs années, elle développe une réflexion autour de la matière et du vivant. Elle se plait à jouer avec les codes de la recherche scientifique, que l’on décèle au sein de son processus créatif jusqu’à la mise en espace de ses œuvres. On observe par exemple des vitrines, ou encore des dessins à l’aide d’hydrocarbures capturés et mis sous verre qui empruntent aux protocoles de la recherche. Dans l’œuvre évolutive Mineral activity, elle nous dévoile les différents procédés d’extractions. Les notions de vibrations et d’échos que l’on retrouvent également dans de nombreuses œuvres viennent participer aussi à ce lien entre art et science. A demi-mot l’artiste révèle que selon elle, la vibration renvoie à notre époque postmoderne sous tension permanente. Le recours au vide, au creux ou encore à la disparition, sont eux le témoignage d’un monde en mutation.

 

Entre destruction et contamination, le monde géologique qui hante la démarche d’Anaïs Dunn est composite, il joue avec la porosité des matières. A travers la mise en place d’un jeu harmonieux des tensions, les minéraux suspendus, prisonniers ou en équilibre dont elle se sert ou qu’elle imagine, traduisent l’extrême fragilité de notre environnement.

Les œuvres telluriques d’Anaïs Dunn, s’inscrivent dans le mouvement de l’art écologique, cependant le discours politique ne vient jamais supplanter l’expérience qu’elle nous raconte. Elle préfère nous confronter à l’expérimentation des mécanismes physiques de la nature. Elle dissimule alors, l’approche didactique de son travail derrière le recours à nos sens. Ainsi, à chaque visite l’on est saisi par l’envie irrésistible de s’approcher, de toucher et d’écouter les œuvres qu’elle nous donne à voir, comme happé par la nécessité de comprendre.

 

Madeleine Filippi, curatrice et critique d’artiste

Lauréate du dispositif Chroniques, Devenir art / Revue Laura / AICA France

Juin 2023

Charger > Revue LAURA n°34

bottom of page